L’ascension de SAFARI Pascaline dans l’univers de l’entrepreneuriat transfrontalier à Bukavu
Madame SAFARI Pascaline au Poste frontalier de la Ruzizi 2 à la reception des sa marchandise
Bukavu, le 18 mars 2024 – Au cœur de la dynamique Sud-Kivu, une région vibrant au rythme du commerce transfrontalier, une femme s’élève comme symbole de la persévérance et de l'innovation : Pascaline SAFARI Mpalirwa.
Safari Pascaline incarne l'esprit de résilience et d'entrepreneuriat qui anime les femmes battantes de cette région. Sa réussite est une source d'inspiration, surtout en cette année 2024, alors que le monde célèbre le rôle crucial des femmes dans l'économie sous la thématique : "Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme".
Sa voix, porteuse d'espoir et de détermination, résonne parmi les échos des marchés animés, racontant une histoire de transformation qui dépasse les frontières.
"Quand on a commencé, c'était le chaos au Poste frontalier de la Ruzizi I, il y’a avait un désordre organiser au niveau de la frontière. Traverser la frontière était un défi de titan, tout était là : harcèlement sexuel, fraude, coups physiques, incitation à la corruption, traversées illégales, la difficulté de collaborer avec les services aux frontières ; pire, le désespoir avec la fermeture des frontières. Mais nous, les femmes, on n'abandonne pas facilement," raconte Safari avec une lueur d'ambition dans les yeux. "On s'est serré les coudes, et on a construit quelque chose qui était plus qu'un simple business, une communauté, une force."
Safari Pascaline, mère de six enfants, a débuté son périple de commerçante transfrontalière en 2006, traversant les frontières pour chercher la farine de manioc. Mais lorsque les marchés furent envahis par les commerçants étrangers, accroissant ainsi la concurrence et réduisant ses marges bénéficiaires, elle a su rebondir en se lançant dans le commerce des légumes et des fruits de qualité.
Naviguant à travers les défis du commerce transfrontalier, Pascaline a transformé l'adversité en opportunité. La crise du COVID-19, avec la fermeture des frontières qui a paralysé leur activité, loin de l'arrêter, a été le catalyseur d'une solidarité remarquable parmi les femmes commerçantes dans la province du Sud-Kivu.
"Le COVID-19 nous a appris qu'ensemble, nous sommes plus fortes. En renforçant notre association, nous avons non seulement soutenu nos familles mais aussi renforcé notre communauté," explique-t-elle, décrivant l'évolution de leur groupe depuis les débuts modestes jusqu'à la création d'une coopérative prospère. « Nous nous somme saisi des opportunités offertes par le Régime Commercial Simplifié (RECOS) et le Groupage pour maintenir nos activités.» Ce fut le germe d'une métamorphose, transformant un petit groupe de 15 femmes en une coopérative florissante de 14 groupes, grâce au soutien du Projet de Facilitation du Commerce dans la région des Grands-Lacs (PFCGL), avec l’appui financier de la Banque mondiale.
L'impact de cette transformation ne s'est pas limité à l'association. Elle a rayonné à travers la commune d'Ibanda et de Kadutu, inspirant d'autres femmes à rejoindre ce mouvement d'émancipation économique. Cet élan collectif a conduit à la création d'un marché à Bukavu, le marché Elakat, à proximité du poste frontalier de Ruzizi 2, où Pascaline et ses consœurs pouvaient vendre leurs produits, préservant ainsi leur gagne-pain malgré la pandémie.
Au marché Elakat, où les étals débordent de produits frais et colorés, Pascaline supervise avec fierté l'espace qu'elle a contribué à établir. "Regardez ce que nous avons accompli : un marché à nous, où nous pouvons vendre nos produits sans craindre la fermeture des frontières."
Les réussites individuelles et collectives de Safari Pascaline sont monumentales, l'impact de Pascaline dépasse le succès financier. Son capital a décuplé, passant de quarante à quatre cents dollars, témoignant de la puissance de la collaboration et de l'entraide. Sa vie personnelle a également pris un nouvel élan : indépendante, propriétaire de sa maison, investissant dans l'agroforesterie et gérant une boucherie, elle a su créer un avenir durable pour sa famille. "Avant, je vivais dans l'ombre de ma belle-famille. Aujourd'hui, grâce à notre commerce, j'ai ma propre maison, j'investis dans l'avenir de mes enfants et je contribue à notre économie locale," confie-t-elle avec un sourire radieux.
Sa vision pour l'avenir est claire : "Investir en faveur des femmes, c'est investir dans le progrès de toute une société. Avec des projets comme le PFCIGL, nous ne sommes pas seulement des survivantes, nous sommes des créatrices de changement."
En célébrant le mois de la femme cette année, l'histoire de Safari Pascaline rappelle au monde entier l'importance capitale d'investir dans le potentiel des femmes. Elle démontre concrètement comment l'émancipation économique des femmes peut entraîner un cercle vertueux de développement et de prospérité.
"Nous avons montré que quand on donne aux femmes les outils pour réussir, elles ne se contentent pas de prospérer elles-mêmes ; elles élèvent toute la communauté avec elles," affirme Pascaline avec conviction. "Chaque femme qui réussit est comme une graine plantée dans le sol fertile de notre pays, de notre continent ; prête à germer et à inspirer une nouvelle génération de femmes fortes et indépendantes."
La réussite de Safari Pascaline est une étincelle d'espoir pour les femmes du Sud-Kivu et au-delà. Elle incarne la promesse d'un avenir où les femmes ne sont pas seulement des participants au commerce, mais des leaders qui forgent de nouvelles voies pour le commerce transfrontalier dans la région.
"Regardez autour de vous," suggère-t-elle, en balayant du regard les allées animées du marché Elakat, "chaque femme ici a une histoire, une lutte, une victoire. Nous sommes les piliers de nos foyers et maintenant, grâce à notre solidarité, nous sommes aussi les piliers de l'économie nationale et régionale."
En reconnaissant et en valorisant le rôle des femmes comme Safari Pascaline, le Sud-Kivu en particulier et la RDC en général peut espérer un avenir où "Investir en faveur des femmes" n'est pas seulement un thème pour un mois de célébration, mais une réalité ancrée dans le tissu de notre développement économique quotidien.
"Avec le PFCIGL, les femmes sont gagnantes" – ce slogan n'est pas qu'un simple mot d'ordre, mais la réalité vécue par Pascaline et un millier d’autres femmes comme elle. C'est un appel à l'action pour que les investissements en faveur des femmes soient amplifiés, pour que des succès comme celui de Safari Pascaline deviennent la norme, pas l'exception.
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